LE JAPON, LA TERRE PROMISE
Toujours la même année, en 1966, il participe à l'une des épopées de l'histoire du Karaté français : l'expédition au Japon avec les frères Baroux, Valera, Setrouk, Nanbu, Ficheux. "Un voyage fabuleux ! On s'était cotisé pour acheter une traction familiale", se souvient Jean-Pierre Lavorato, "on a dû traverser la Tchécoslovaquie, la Pologne et l'URSS en pleine guerre froide. Puis on a eu des problèmes mécaniques. On a essayé de réparer, mais on a fini par abandonner la Traction sur la Place Rouge."
Avion vers les plaines d'Asie centrale, puis Transsibérien pour traverser l'URSS et enfin deux jours et demi de bateau pour rejoindre Yokohama et le Japon. "Pour nous, c'était la terre promise", rappelle-t-il. Pendant trois mois, Lavorato et ses compagnons vont visiter les différentes écoles de Karaté, regarder, écouter quand les Japonais le veulent bien, rencontrer les grands maîtres. "Nous étions parfois accueillis à bras ouverts, mais aussi parfois vraiment déçus par l'accueil froid que l'on nous réservait. Nous étions venus mettre nos tripes à l'air pour nous entraîner, pour progresser, pour être au contact de karatékas de haute valeur, pour apprendre. Nous avions du mal à accepter cette façon de nous recevoir. Mais certains ont été très gentils, comme Oyama, qui nous a invités à manger pendant les quatre jours où nous sommes restés."
Les rencontres et les entraînements se sont succédés, avec de grands maîtres du Shotokan, avec des senseï pratiquant d'autres styles. Parfois, ils sont testés par les combattants japonais. Les six heures d'entraînement quotidien en France leur sont alors très utiles. Moins techniques, ils compensent par leurs qualités physiques. "On prenait tout ce qui passait à portée de main. On a pu découvrir une autre orientation de travail."